Je me suis retrouve recemment face a un collegue lourdement handicape avec qui je travaillais a distance depuis quelques annees dans l’ignorance de son etat. Je me suis retrouve dans une situation assez embarassante ou toutes les options semblent mauvaise.
L’attitude que j’ai adopte a ete de faire comme si il etait tout a fait normal, ou comme si je savais deja quel etait son etat, mais j’ai eu l’impression d’etre hypocrite. Je voulais lui montrer ma tristesse face a sa condition mais j’ai eu peur que ma pitie ne l’indispose. Une partie de moi voulait en savoir plus, curiosite plus ou moins malsaine, je voulais aussi savoir si son etat etait stationnaire, ou en progession dans le bon ou le mauvais sens, j’ai bien entendu garde cette curiosite pour moi.
J’ai l’impression d’avoir finalement choisi la meilleure des approches, faire comme si de rien n’etait pour lui donner l’impression que rien ne nous separait, mais decouvrir qu’un collegue sympathique etait dans une situation de souffrance, physique et sans doute moral, et ne pas pouvoir lui temoigner ma sympathie m’a ete desagreable. La n’est d’ailleurs pas la question, ce n’est pas vraiment de moi qu’il s’agit, tout les cas sont particuliers, chaque personne reagira differemment, mais face a une situation plus ou moins desesperee il est souvent difficile de trouver la bonne attitude. Par exemple devant un proche vivant ses derniers instants on a tendance a faire comme si tout allait bien, et ne surtout pas aborder le sujet brulant, la mort qui arrive, la maniere dont cet evenement a venir peut etre apprehende.
J’imagine qu’il n’y a pas de bonne reponse a cette question, qu’il n’y a pas vraiment de bonne attitude, meme avec un ami proche lourdement handicape on ne doit pas aborder le sujet si souvent que ca. En l’occurence je me demande si la personne souffrante, le moribond par exemple a plus besoin qu’on fasse semblant que tout va bien pour l’encourager lui aussi a faire semblant jusqu’au bout ou si au contraire aborder le sujet ciritique peut etre une bonne chose, une aide, un soutien, permettre une parole… mais on peut aussi considerer l’inverse, inverse que je n’arrive pas a exprimer, l’idee que en faisant semblant de croire que tout va bien, on peut reussir a apporter du credit a l’espoir que la personne en face nourrit face a sa condition plus ou moins desesperee.
Mon pere ne va pas me dire que ce billet est formidable, je me demande d’ailleurs ce qu’il en aurait pense. Curieusement la disparition de ses retours en general tres positifs m’a rendu assez desagreable les retours de quelque nature qu’ils soient. Je ne suis pas sur que ca reponde a ma question.
Puisse ce retour ne pas vous être désagréable (en référence à votre avant-dernière phrase). Le mieux serait de poser la question à des soignants et à des accompagnants.
Je doute qu’il existe une seule bonne posture ou un seul comportement à adopter mais l’expérience et les témoignages que j’ai pu recevoir tendent à me faire penser que c’est l’attention portée qui est la plus importante.
Ce matin, j’ai discuté 5 minutes (et serré sa main) au sdf -clochard, mendiant, sans-abri…- qui tendait sa sébile à l’entrée de l’église ; un témoignage à fendre le cœur (il avait filé 5 euros à une personne dans une situation qu’il estimait pire que la sienne).
Je n’aurais pas du faire cette remarque non constructive, mon pere avait tendance a reagir tres positivement a mes posts de plus de deux lignes. Posts de plus en plus rares, ecrit dans un francais approximatif et d’une qualite discutable. J’ai une facheuse tendance a me denigrer ce qui n’est pas toujours tres bien percu de l’exterieur mais ce denigrement a un certains effet cathartique malheureusement de courte duree.
Merci pour votre message.
Je pense que les réactions de votre papa à vos posts vous manquent, tout simplement, sans parler de sa présence quand il vous rendait visite (vous l’aviez revu récemment, une chance !). Pour avoir vécu la même chose il y a quelques mois, je sais combien l’absence de la présence d’un proche peut laisser un “vide”. Un vide qu’il est difficile, voir impossible de combler. Seul le temps permet d’atténuer cette absence. Chacun sa méthode ensuite pour vivre avec les souvenirs et maintenir un “contact”, par la prière ou les pensées…
Quand au sujet du handicap que vous évoquez, j’aurai tendance à penser (et à envisager, si j’étais dans cette situation) que l’on peut aborder le sujet avec la personne concernée. En fonction de sa réaction, on peut ou ne pas approfondir le sujet et s’excuser si la personne s’est sentie blessée ou ne veut pas aborder le sujet. Dans un cas comme dans l’autre, je pense qu’il est important d’accorder de l’intérêt aux personnes avec lesquelles ont a un minimum d’interactions (professionnelles et/ou personnelles). Cela créé un lien social, quelque soit la situation et le lieu : on est pas fait pour vivre isolé, sauf cas particulier. La preuve avec ce blog…